Le coronavirus n’a fait qu’empirer la situation déjà fragile et précaire du sport tunisien. Avant que ce virus ne se propage et n’entraîne l’arrêt de la compétition et des entraînements, notre sport vivait déjà avec un équilibre fragile et précaire. Une machine qui fonctionnait à sa manière, sans équilibre réel, mais plutôt avec des zones d’ombre, des imperfections héritées et des concessions de tout le monde qui donnaient un semblant de modèle, voire un système amputé et biaisé. Maintenant, cette précarité on ne la sent plus. On est dans un palier très bas, les problèmes se sont amassés pour créer, après le coronavirus, un blocage très alarmant. Nous avons un sport qui cale, qui boîte et est incapable de se relever. Tout le monde est perdant : tutelle, fédérations, clubs, compétiteurs, médias, entraîneurs et tous les acteurs sportifs. Financièrement, c’est un point de non-retour. Une insolvabilité qui menace plusieurs clubs et plusieurs sportifs. Et nous qui avons des performances déjà moyennes (mais vraiment optimales par rapport à ce modèle peu réfléchi), nous devons réfléchir et trouver des solutions urgentes pour faire redémarrer la machine dans un premier temps puis trouver des solutions profondes pour réduire les défaillances et améliorer le rendement. On a beaucoup parlé des problèmes de fond de notre sport qui persistent depuis des décennies. Maintenant, le coronavirus a levé tous les tabous et le «maquillage» qui essayait de rendre «beau» quelque chose de «moche». Ayons le courage d’admettre que le potentiel du sport tunisien est très mal géré et entretenu. Un problème persistant de moyens que personne ne peut contester mais, avec ce qui existe déjà, les choses peuvent aller nettement mieux. Pratiquement, le système est calé et tente de redémarrer doucement.
C’est le moment ou jamais de changer de direction, mais surtout de mener d’une manière différente les affaires du sport. On a bien vu que l’Occident, avec tous leurs moyens et leur immense savoir de gestion et de commercialisation, a été pratiquement mis à genoux. Alors que dire de notre sport qui verse dans l’amateurisme, la précarité, la corruption, l’abus de pouvoir et la «technicité» moyenne des cadres-gestionnaires?… Que dire aussi pour notre faux cadre juridique qu’on demande de changer depuis des années, mais en vain. Avant de s’exaspérer, prenons le temps de penser à dépasser sans dégâts cette délicate période de reprise. Les réformes, c’est inévitable, mais cela doit être réfléchi et consensuel.